Bénin



Le syllabaire du dan oriental


Bonjour à tous et à toutes


J'ai passé très peu de temps chez moi dans le courant de l’année 2018. Voici quelques points forts parmi mes multiples péripéties…

En juin, j’ai fait une communication à l’Université de Brest à propos d’une expérience menée en 2017 sur l’orthographe du dan oriental, une langue ivoirienne. J’ai été bien très accueilli par Brigitte (la sœur de Pierre Ménard) et Hervé, et j'ai également eu l’occasion de passer du temps avec mon
« fils » togolais, Mahébena, qui, après une longue période de recherche d'emploi, travaille maintenant comme agent de sécurité pour subventionner ses études de doctorat.




Plus récemment, j’ai appris la surprenante nouvelle que les alphabétiseurs en langue dan ont opté pour une réforme radicale d’orthographe, qui ne prend pas en considération mes recherches. La transition d'un système vers un autre entraine de lourdes conséquences : elle nécessite la réimpression de toute la littérature existante, dont le Nouveau Testament, ainsi que l’élaboration d’un
programme d’alphabétisation destinés aux lecteurs voulant apprendre le nouveau système…

Le Nigeria est un véritable eldorado linguistique, abritant non moins d’un quart des 2000 langues de l’Afrique, dont plus de la moitié n’ont jamais été étudiées. En novembre, j'ai élaboré et enseigné un cours sur le développement des orthographes au Theological College of Northern Nigeria à Jos destiné aux étudiants en maîtrise représentant huit langues : le bwaatiye, l’eloyi, le jenjo, le kuce, le pyam, le zaar, le bura et le mwaghavul. Comme tous parlent couramment le haoussa, l'anglais – la langue d'enseignement – est leur troisième, voire leur quatrième langue.

En plus des travaux sur leurs propres langues, les étudiants ont étudié les orthographes de dix autres langues nigérianes, afin d’en tirer des leçons sur les succès et les échecs ailleurs. Sans doute l’exemple le plus frappant est le kaje, avec son répertoire gourmand de 94 consonnes. Comme l’ont remarqué les étudiants : « C’est génial, maintenant on sait qu’on n’est pas les seuls à avoir du mal à écrire nos langues : c’est le même défi partout ! » Voici quelques-unes des questions auxquelles on s’est affronté pendant le cours :

• Dans une langue à neuf voyelles, comment surmonter la réticence des nigérians à écrire des lettres autres que les cinq voyelles anglaises, a e i o u, qu’ils ont apprises à l’école ?
• Dans une langue donnée, comment s’assurer que chaque son est représenté par un seul symbole, pour éviter les pièges des langues comme le français où le son k s’écrit de façon différente dans case, chaos, quand, kayak …
• Comment symboliser la voyelle centrale ɨ dans un contexte musulman où les gens rejettent ce symbole comme étant trop similaire à la croix chrétienne ?

avec mes étudiants à Jos

En septembre, j’ai soumis à l’éditeur le manuscrit de notre livre sur l’orthographe du ton. C’est l’aboutissement d’un projet de recherche de quatre ans qui impliquait une collaboration entre six chercheurs dans cinq pays (la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin, le Nigeria et le Cameroun).
L'année 2018 m'a également amené à Lyon, à Paris, à Besançon, en Angleterre, au Bénin et en Pologne, sans oublier Lomé, la ville capitale du Togo, en amont et en aval de chaque voyage international. L’année à venir s’annonce comme tout aussi itinérante que la dernière. C’est pourquoi je me réjouis de pouvoir passer six semaines chez moi avant de refaire mes valises.

Je vous souhaite une bonne et heureuse année 2019. Bien fraternellement,
David





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