Inde

  Entretien avec 

le père Francis Rozario, conseiller général


La situation en Inde est dramatique : Quelles sont les nouvelles ? Comment vont nos confrères ?

Sept confrères indiens sont infectés et de nombreux membres de nos familles et nos amis sont infectés. Ma maman me disait que certaines personnes, juste dans les alentours de chez nous, sont mortes ces jours-ci et chacun se demande quand viendra le tour de qui. La semaine dernière, un de mes amis a perdu sa maman à 3 heures du matin et le papa à 3 heures de l’après-midi, le même jour. Les deux parents ont été enterrés ensemble. Dans certaines familles, plusieurs membres sont infectés et les bien-portants sont vulnérables parce que ce sont eux qui s’occupent des malades de près. A part la maladie, beaucoup souffrent par manque de travail et manque d’argent.

 

Comment expliquer la situation actuelle ?

L’année dernière au début de la pandémie, le virus paraissait trop loin pour l’inde. Quelques mois plus tard, le pays a vu ses premiers cas d’infection mais pour une raison ou l’autre l’infection en Inde n’était pas sévère et le taux de mortalité était très bas. Maintenant le virus s’est bien acclimaté et il fait des ravages malgré la chaleur de l’été indien.

A part cela, le gouvernement indien est responsable pour la catastrophe que vit le pays. Il parle de cette deuxième vague comme un tsunami mais la métaphore plus juste serait celle d’un feu de brousse qui n’a pas été maîtrisé. L’Inde est la plus grande démocratie dans le monde. Malgré tout, la démocratie a ses défauts aussi. Elle favorise ceux qui polarisent, ceux qui tournent la majorité contre la minorité puisqu’elle n’est qu’un jeu arithmétique.

Certains de ceux, qui maîtrisent ce jeu sont insensibles aux larmes et aux cris des petits. La pandémie exige quelque chose d’incompréhensible pour eux. Leur idéologie ne les équipe pas à prendre soin de tous, et surtout les plus petits et les plus faibles. 

La pandémie expose certains profils politiques. Nous l’avons vu aux Etats Unis l’année dernière et nous le voyons en Inde maintenant. La pandémie montre également ce qui profite aux responsables nos pays.

 

Tu es actuellement en Afrique : quelle est la situation ?

Je viens de rentrer de Tanzanie. J’ai passé presque trois  semaines   là-bas. Le pays vient de perdre son président et la population reste choquée. On ne sait pas et peut être on ne saura pas non plus la cause de sa mort. L’ancien président de la Tanzanie minimisait d’une manière la pandémie surtout pour ne pas créer la panique dans son pays. Je ne pense pas qu’il ignorait la gravité, mais à quoi sert de compter les  malades quand on n’a pas de solution à portée de main ? La nouvelle administration veut faire face à la pandémie d’une autre manière.

La population est bien consciente de la pandémie et chacun boit la tisane de son choix en prévention mais on ne voit pas beaucoup de masques.

 

A-t-on une idée de l’impact de cette pandémie sur la SMA ? (les personnes, les finances…)

A ma connaissance, la majeure partie de notre travail continue   normalement dans la SMA. Les plans de visites du Supérieur Général et de son conseil en sont affectés. Heureusement l’AG 2019 a changé les structures et a donné la responsabilité de visites aux supérieurs des entités, ce qui évitent automatiquement les voyages internationaux. Les supérieurs des entités arrivent à visiter les     confrères dans leurs territoires.

Notre système de formation a pris un coup aussi. Plusieurs séminaristes n’ont pas pu faire l’année spirituelle cette année. Leur année spirituelle est donc reportée à l’année prochaine avec les nouveaux candidats. Cette situation pose des défis à plusieurs fronts – logistiques, formateurs …etc.

Au niveau des impacts financiers, nous n’avons pas encore une idée exacte, mais nous pouvons dire que dans certains milieux on constate une légère augmentation des dons en ligne et dans d’autres, ceux qui travaillent dans l’animation n’ont pas pu visiter les bienfaiteurs suffisamment. Ceci diminuera les entrées. 

On a souvent parlé du monde d’après, mais aujourd’hui, beaucoup semblent rêver d’une « reprise », notamment économique ? Dans ce contexte, quelle place pour une bonne « nouvelle » ?

Avec nos mouvements faciles et rapides aujourd’hui, certains      experts disent qu’on peut attendre des pandémies plus souvent dans l’avenir.  Même quand nous allons sortir de la pandémie, nous ne retrouverons pas exactement le monde ancien et à ses systèmes. Ce que l’humanité a découvert ne peux pas être caché à  nouveau. Nos yeux se sont ouverts sur beaucoup de choses et un oubli total et global n’est pas imaginable. Cela me donne énormément d’espérance.

Une fois dans le passé, j’ai fait beaucoup de gymnastique avec  plusieurs ordinateurs et différents types d’adaptateurs pour faire communiquer les confrères de dix pays en temps réel sur YouTube. Chaque pays avait cinq minutes et tout le monde pouvait intervenir des dix centres. Ceux qui ont participé à ce programme étaient vraiment excités de voir le grand potentiel dans cette technologie.    Une visio-conférence avec une cinquantaine de centres parait très ordinaire aujourd’hui. La gymnastique dont j’ai parlée, ne date pas du siècle passé, c’était en 2017 ! Nous avons fait un saut énorme. Nous continuons à découvrir le potentiel de ces techniques pour l’éducation, l’administration, le journalisme, et le système judiciaire. Ce n’est qu’un exemple pour l’ouverture des yeux.

Nos yeux se sont ouverts dans d’autres domaines. J’attends beaucoup de bons changements pour  les années à venir. Le royaume de Dieu continue à grandir.

 

 

 

Commentaires